Restauration poste TSF - Schneider Calypso |
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Écrit par Jean-Marc Boistard | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Lundi, 14 Février 2011 00:00 | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Etat des lieux.
J'ai récupéré ce poste auprès d'une personne souhaitant s'en débarasser, suite à une chute malencontreuse de l'appareil. Je ne suis pas fan de ces postes en plastique de la fin des années 50, qui marquent la transition entre les postes TSF en bois et les postes à transistors qui arriveront quelques années plus tard. Je pensais en récupérer les pièces pour d'autres restaurations, mais réflexion faite, je me suis dit qu'il serait dommage de le sacrifier. J'ai donc décidé de le restaurer tant bien que mal. L'appareil était effectivement en très mauvais état : caisse en plastique cassée à plusieurs endroits, glace des stations brisée en plusieurs morceaux :
Le Calypso est sorti en 1958. J'ai répertorié des versions de différentes couleurs : ivoire et gris bleu (ce modèle), aubergine et ivoire, et un modèle vert et gris plus rare. Ce poste a été diffusé très largement, ce qui fait qu'on trouve pas mal d'informations. Cliquez sur les vignettes ci-dessous pour visualiser les documents (sources doctsf) :
L’électronique.
Le poste contient les tubes suivants : ECH81, EF89, EBC81, 6AQ5, EZ80 Un premier coup d'oeil sur l'électronique indique un poste propre et en assez bon état. Un des fils du HP est déssoudé. Je le ressoude sans difficulté. Le fusible a été remplacé par un... ressort ! Je répare le fusible avec du fil à fusible, c'est plus prudent...
Pas d'autres anomalie visuelle. Le poste ayant fonctionné jusqu'à récemment, je décide de le mettre sous tension sans remplacer d'autres composants. Une des 2 ampoules de cadrans ne s'allume pas, elle est grillée. A part ça le poste fonctionne, je capte des radios sur toutes les gammes d'ondes. Un seul problème : sur toutes les gammes d'ondes, de forts craquements se font entendre au même endroit de la course du bouton des stations. Probablement un défaut du condensateur variable à air. Après démontage du cadre d'antenne, un coup d'oeil au CV ne laisse rien voir d'anormal.
Il convient donc de le déposer pour une analyse plus précise. Une fois déposé, et avant d'inspecter les lames du condensateur, un nettoyage s'impose. Je le laisse tremper 2 heures dans du détergent pour salle de bain dilué à 50% avec de l'eau. Ensuite, avec un pinceau, je frotte pour enlever le maximum de poussières. Après séchage, en approchant le CV près de l'oreille, et en tournant les lames mobiles, j'entends un petit frottement qui confirme que les lames mobiles touchent les lames fixes à un certain endroit. Ce genre de panne est assez laborieuse à résoudre, car les lames fixes sont séparées des lames mobiles de quelques dixièmes de millimètre au plus. Il convient donc d'identifier celles qui sont en contact, et de les redresser. Pour cela, il faut regarder à travers les lames en ayant une source de lumière derrière le CV. Avec de bonnes lunettes ou une loupe, et avec beaucoup de patience, on arrive à repérer les lames en défaut. Ne pas hésiter à faire une pause et à s'y remettre le lendemain, car c'est un exercice à devenir fou !
Je remarque que la ficelle d'entrainement du condensateur variable des stations est un peu effilochée. Comme elle entraine correctement le CV, je décide de ne pas la changer pour l'instant. Voilà pour la partie électronique qui n'a pas posé de gros problème. Cet appareil est muni d'une d'antenne intégrée et orientable.
L’ébénisterie.
C'est le plus compliqué dans cette restauration : caisse plastique fendue à plusieurs endroits, glace des stations brisée, et l'axe d'un des boutons cassé.
Autre point, et surement le plus compliqué : la glace des stations. Complètement brisée, il faut la refaire. Plusieurs difficultés :
Au boulot ! Pour refaire la sérigraphie à l'ordinateur, j'ai utilisé le logiciel open source de mise en page Scribus. Il faut un logiciel de ce genre pour pouvoir gérer correctement les polices, la taille (hauteur et largeur) et l'espacement des caractères. J'ai imprimé la sérigraphie sur du papier A3 vu la largeur du cadran. Ensuite, j'ai découpé au cutter les parties transparentes pour permettre de voir le repère des stations. En effet, l'utilisation d'un transparent à photocopieur envisagée au départ n'était pas satisfaisante, car le transparent laisse trop passer la lumière des ampoules de cadrans, même à travers une couleur sombre. La graduation et les chiffres de la ligne du haut ont quant à eux bien été imprimés sur un transparent, découpé aux bonnes dimensions et collé au verso. Cliquez ici pour voir le fichier au format pdf.
Pour la glace, je me suis procuré deux morceaux de verres découpés sur mesure dans une grande surface du brioclage. Au prix du mètre carré, ça revient à la somme astronomique de 1,36 euros. Comme il y a 2 glaces et 2 potentiomètres, ça fait 4 trous à percer dans le verre. Un rapide test sur une chute de verre avec une perceuse classique et un forêt pour verre m'a rapidement fait comprendre que ce n'était pas la bonne solution. Je me suis alors tourné vers cet outil complet qu'est la mini-perceuse. J'ai effectué les trous à l'aide d'une pointe dite diamantée. Il faut humidifier constamment le verre et la pointe afin d'éviter l'échauffement et la détérioration de la pointe.
L'impression obtenue est ensuite intercalée entre les 2 glaces.
Dernier point, le logo Schneider. Le "S" était amputé de sa partie supérieure. Un petit morceau de plastique découpé et poncé à la mini-perceuse a fait l'affaire. Le logo a été repeint avec de la peinture à maquette dorée, tout comme le liseré doré.
Le remontage du chassis dans la caisse ne pose pas de problème.
Voici donc terminée la restauration de ce Schneider Calypso. C'est vrai que je l'avais acheté pour en récupérer les pièces, mais finalement ça valait le coup de le restaurer, et le résultat est très satisfaisant vu l'état dans lequel il était au départ. Il possède une antenne intégrée, la réception des grandes ondes est très bonne, et la réception des stations est alignée précisément sur les indications du cadran. En fin de compte, il est plutot sympa ce petit poste, non ?
Je tiens à remercier particulièrement Bernard Grégoire de La Turballe, qui m'a fourni le schéma du poste et des photos détaillées du cadran de son Calypso. Il m'a aussi fait profiter de toute son expérience dans le dépannage des postes TSF, notamment pour le problème du condensateur variable. Merci Bernard, et à bientôt !
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Mis à jour ( Lundi, 04 Avril 2011 16:31 ) |