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Restauration poste TSF - LMT 1440 PDF Imprimer E-mail
Écrit par Jean-Marc Boistard   
 

 

Ce poste LMT, de dimensions modérées pour l'époque (39 cm de large), date de la fin des années 1930. Il s'agit du modèle 1440.

 

  

 

LMT : Le Matériel Téléphonique. Cette marque était une filiale de la compagnie américaine ITT (International Telephone and Telegraph), spécialisée dans les télécommunications. Elle s'est ensuite diversifiée en produisant entre autres des postes de radio TSF. La société LMT avait une cloche comme emblème.

 

 

  

La marque communiquait d'ailleurs sur son activité de base pour promouvoir ses postes TSF.

Dans cette publicité de  février 1933, on peut lire que la société LMT est le fournisseur du gouvernement français, qu'elle construit des standards téléphoniques de Paris et de province, ou encore des grandes stations d'émission européennes.

Cliquez sur la vignette ci-contre pour visualiser la publicité LMT  

                                       

 

 

Etat des lieux :  

La caisse est en bon état, même si elle présente quelques traces du temps. Le tissus du haut-parleur n'est probablement pas d'origine, et le poste a déjà été réparé. Il suffit de regarder le cordon d'alimentation qui provient d'un fer à repasser. Rien de bien surprenant pour un poste de la fin des années 30...

C'est un poste "tous courants", c'est à dire fonctionnant aussi bien en courant continu qu'en courant alternatif. Cela nécessite quelques précautions, notamment dans la restauration, car il n'y a pas de transfo, et le châssis est généralement directement relié à la masse. Je me suis donc fabriqué une alimentation isolée (ou transformateur d'isolement) pour pouvoir travailler plus en sécurité. 

 

Les caractéristiques de l'appareil :  

  • Marque / modèle : L.M.T. 1440
  • Poste tous courants (Attention, risque électrique)
  • 4 lampes : 6M7, 6E8, 6H8, 25L6
  • MF 472 KHz
  • 3 gammes : GO, PO, OC
  • Redresseur à oxyde de cuivre
  • Dimensions - L : 39cm, H : 22,3cm, P : 21cm
 
                 

  

Démontage :   

Comme on l'a vu, il s'agit d'un poste dit "tous courants". Donc pas de transfo d'alimentation. Et première surprise, il n'y a que 4 lampes sur le châssis, dont une est manquante...  De gauche à droite : 6E8 (mélangeuse), 6M7 (ampli MF, celle qui manque sur la photo), 6H8 (détection - préampli BF) et 25L6 (BF finale). On remarque qu'il n'y a pas de condensateur de filtrages sur le dessus du châssis.

 

 La disposition des lampes sur le châssis
 

  

A l’extrême droite du châssis, on peut voir un système de disques empilés. Renseignements pris, il s'agit d'un redresseur à oxyde de cuivre. Ce système permettait de redresser le courant alternatif en courant continu. A l'époque, ce composant était couramment utilisé pour le redressement, ce qui explique qu'il n'y ait que 4 lampes sur ce poste.

Ce redresseur a d'ailleurs été shunté par une diode qui assure la même fonction. Toutefois, le redresseur a une résistance importante, et il convient de vérifier que la tension en sortie de diode n'est pas trop élevée. Sans surprise, la tension est effectivement trop élevée. Et d'ailleurs ça explique surement quelques résistances présentant des signes de surchauffe...

Je rajoute donc une résistance pour faire chuter la tension à 110V continus. J'ai casé cette nouvelle résistance ainsi que la diode à l'intérieur du châssis pour préserver l'état esthétique d'origine.   

    

 

Un coup d’œil sous le châssis. On voit que certains condensateurs sont en très mauvais état. Les 2 condensateurs de filtrage "Ducati" ne sont pas d'origine. 

 

Le dessous du chassis 

 

 

En piètre état, tous les condensateurs ont été changés (sauf les micas) 
 
 

Sur les postes tous courants, il n'y a pas de transformateur. Et donc, pour abaisser la tension en entrée (115V, 230V), on utilisait à l'époque des résistances qui permettait d'abaisser le 230V en 115V, et ensuite d'abaisser le 115V pour l'alimentation des lampes. Dans ce cas, la tension nécessaire pour les lampes est de 50V :

  • 6E8 : 6,3V
  • 6M7 : 6,3V
  • 6H8 : 6,3V
  • 25L6 : 25V
  • ampoule de cadran : 6,3V  

 

Autant dire que ça devait sacrément chauffer dans ce poste, comme le prouvent les traces noires a proximité de la résistance chutrice, située à l'arrière du poste. A noter que sur ce poste tous courants, le châssis n'est pas relié au secteur. En effet, il existe une "ligne de masse" reliée au secteur, mais isolée du châssis, sur laquelle sont raccordés tous les composants devant être reliés à la masse.

La résistance chutrice 

 

Problème, la protection du filin s'est abîmée à plusieurs endroits, et la partie de la résistance chutrice abaissant le 220V en 115V est coupée à 2 endroits. J'ai donc effectué la restauration en l'alimentant en 115V. En fin de restauration, j'ai quand même voulu solutionner ce problème. J'aurais pu remettre une nouvelle résistance chutrice, mais où la mettre ? Pas beaucoup de place sur le dessus du châssis, et puis ça aurait dénaturé l'esthétique de ce poste... J'ai donc effectué une réparation de fortune consistant à souder 2 brins de cuivre aux deux endroits ou le filin de la résistance bobinée était coupé. Pas facile, mais ça fonctionne. Par contre, j'utiliserai ce poste en 115V car en chauffant, je ne suis pas certain que ma réparation tienne. Et en plus, ça évitera de chauffer toute la pièce... 

  
 Le filin de la résistance bobinée
était coupé à 2 endroits. 
 La réparation de fortune : étamage du filin coupé,
et assemblage d'un brin de cuivre par soudage 

 

Après le changement des condensateurs, la partie BF fonctionne normalement. Par contre, impossible de capter quoi que ce soit... J'ai vérifié les transfos MF, et les ai même changés car le système de fixation d'un des transfo était cassé. Enfin, j'ai effectué un réalignement avec un générateur HF, mais rien à faire, je ne capte rien.

Donc direction le bloc d'accord. 

Une première inspection minutieuse montre qu'effectivement ça ne va pas être simple... Outre sa conception ancienne, je remarque assez rapidement un fil sectionné. Je l'ai ressoudé tant bien que mal, car l'étamage de ces fils est difficile à effectuer...

 

Le bloc d'accord d'origine, dont l'un des bobinages est sectionné  

 

Résultat, je capte alors France Info, mais très faiblement (alors que l'émetteur de Grenoble en PO est très puissant), et chose étrange sur 2 gammes d'ondes... J'ai poursuivi l'inspection, mais sans succès. 

Je me suis fait aider par mon ami Claude M. qui après examen détaillé du bloc en est arrivé à la conclusion qu'il fallait le changer... Il s'est donc chargé de la transplantation, ce qui n'était pas simple. En effet, il fallait trouver un donneur compatible (gammes, et taille du bloc notamment), et réussir ensuite la transplantation. Un grand merci à Claude, car je n'y serai pas arriver seul sans schéma...

 

      
 Le nouveau bloc, coté lampe...                                             ...et coté chassis                               

 

Et du coup, le poste s'est remis à chanter. Bonne réception en PO et OC, et réception moyenne (parasitée) en GO. Mais l'important c'est que le poste est sauvé ! 

J'ai ensuite vérifié l'alignement pour optimiser la réception.

Le poste ne possède pas d'indicateur de la gamme sélectionnée. Avec le nouveau bloc d'accord, le sélecteur de gamme doit être positionné ainsi : 

 

 

La glace des stations est graduée en longueur d'onde, et non pas en fréquence comme c'est le cas aujourd'hui. La conversion n'est pas bien compliquée, mais quand on a l'habitude des fréquences, c'est un peu déroutant :

L = c / F

avec L = longueur d'ondes, c = vitesse de la lumière (300.000.000 m/s), et F la fréquence

 

Par exemple pour France Info à Grenoble (Fréquence 1404 Khz), on obtient :

L = 300.000.000 / 1.404.000

L = 214 mètres 

 

  

La glace des stations est graduée en mètres, unité de la longueur d'onde. Ici France Info en PO : 214 mètres 

 

 

 

J'ai ensuite recablé le potentiomètre de tonalité, selon le schéma ci-contre, à partir de l'anode de la lampe 25L6. 

Bon, ce n'est pas de la Hi-fi, mais ça fonctionne...   
                   

 

 

Le nettoyage :  


Le nettoyage a été assez rapide. Les boutons et la glace des stations ont été nettoyés à l'eau et au savon de Marseille. J'ai procédé avec précaution pour ne pas effacer les inscriptions de la glace qui habituellement ont tendance à s'effacer au moindre contact. Mais étrangement, et bien que le poste date des années 30, les inscriptions sont encore bien fixées, et j'ai pu nettoyer entièrement la glace.

Je n'ai pas refait complètement la caisse. Les quelques marques d'usures rappellent son (grand) âge, et c'est aussi bien ainsi. 

 

Coté finition, j'ai fait un carton arrière, car le poste en était dépourvu. J'ai eu la chance de trouver sur internet une personne qui avait le même poste, et qui a accepté de m'envoyer des photos du sien. J'ai donc pu refaire le carton arrière de la façon suivante : grâce a un logiciel de mise en page (scribus), j'ai reproduit l'image, puis je l'ai imprimé. Ensuite, j'ai collé la feuille sur une planche de médium de 3mm d'épaisseur découpée aux bonnes dimensions. Enfin, j'ai effectué les découpes et les trous d'aération. Le résultat est satisfaisant.  

 

   

A gauche la photo ayant servi de modèle pour le carton arrière. A droite le nouveau fond. A moins que ce ne soit le contraire... 

 

Dernier point, le poste avait perdu son logo (représentant une cloche) sur la face avant. A partir d'une photo, je l'ai imprimé, collé sur du carton épais, découpé au cutter, et limé. Ca ne remplacera pas la pièce d'origine, mais ça rend pas trop mal.

     

La cloche, logo de la marque LMT 
 

 

Voilà, la restauration de ce poste LMT est maintenant terminée. Ca n'a pas été sans mal avec la nécessaire transplantation du bloc d'accord, mais ça en valait la peine pour redonner une nouvelle jeunesse à ce récepteur des années 30.

 

  

 Agé de près de 80 ans, ce LMT 1440 a retrouvé une nouvelle jeunesse

 

 

 

 
 
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