J'ai acheté cette antenne sur le bon coin, à une personne du Lot et Garonne, pour la modique somme de 4 euros.

Après une longue carrière dans le Sud Ouest, l'antenne est donc revenue sur son lieu de fabrication, la capitale des Alpes. En effet, les établissements Célard, fondés en 1925 et constructeurs de cette antenne, étaient situés à Grenoble et Pont de Claix.

Le fondateur de la société, Auguste Célard, était diplomé de l'INP Grenoble, promotion 1924. Mais, à ce jour, plus aucune trace des établissements Célard au 32 Cours de la Libération à Grenoble ! L'arrivée du transistor et la mondialisation ont du passer par là...

Cet objet est quelque peu déroutant au premier abord. Contrairement aux apparences, le cadran et les aiguilles ne sont pas faits pour donner l'heure ! Les aiguilles, reliées à un condensateur variable à air, ont uniquement pour utilité d'accorder l'antenne sur la fréquence de la radio qu'on souhaite recevoir. L'antenne se charge ensuite d'amplifier le signal HF qui est reçu par les 2 spires. Elle a aussi une fonction d'antiparasite.

L'avantage de ce type d'antenne est que seul le signal de la radio qu'on souhaite recevoir est amplifié, et non pas tous les signaux.

L'inconvénient, c'est qu'il faut régler l'antenne à chaque changement de station...

L'antenne Capte Chrono a été produite dans les années 50. Il en existe plusieurs versions : avec ou sans alimentation intégrée, sélection des gammes d'ondes sur le dessus ou dans la partie inférieure du cadran comme la mienne. Cliquez sur les vignettes ci-dessous pour visualiser les documents d'époque (sources doctsf et diverses) :

Description technique	Note technique	Notice	Publicité	Publicité
Publicité	Publicité	Publicité	Schéma

Etat des lieux.

L'antenne est en bon état, même si le cadran est fêlé sur sa partie supérieure. 

Le premier (petit) problème de cette restauration est survenu très rapidement, puisque je n'arrivais pas à retirer la face avant de l'antenne (le cadran avec les aiguilles). Renseignement pris auprès du forum de doctsf, il faut déclipser la partie centrale supportant les aiguilles qui est solidaire du condensateur variable. Pour cela, j'ai utilisé 2 tournevis et fais pression de chaque coté de la pièce centrale. Il faut forcer un peu pour que la pièce se retire. 

Premier coup d'oeil à l'intérieur. J'aime bien ces moments ou l'on découvre l'intérieur des appareils et les composants. On y découvre parfois quelques traces d'habitants plus ou moins gênants. Rien de grave ici, surtout que l'antenne est en plastique et pas en bois. Quand même quelques petits spécimens d’araignées, plutôt bien conservés après plusieurs dizaines d'années ! On peut même dire que c'était un peu la crise du logement à l'époque, car plusieurs (co)locataires ont été identifiés.

      

L’électronique.

Au niveau des bobinages, plusieurs fils sont effilochés et semblent être en contact les uns des autres. Cela provient probablement de la surchauffe du condensateur mica se trouvant à proximité. 

Il convient de les séparer délicatement les uns des autres, et de les étamer pour que le contact s'établisse correctement. Ensuite il faut veiller à ce qu'ils ne se touchent pas en les isolant les uns des autres.

Comme pour tous les appareils de cette époque, il est prudent de changer les condensateurs. Pour cette restauration, j'ai décidé de refaire les condensateurs "à l'ancienne" pour ne pas dénaturer un appareil des années 1950 avec des composants des années 2000... Lors de mes restaurations précédentes, je m'étais contenté de remplacer les condensateurs deffectueux par des condensateurs actuels. Le petit nombre de condensateurs de l'antenne Capte à remplacer (trois) m'a convaincu d'essayer de les refaire à l'identique.

Le principe consiste à ce que les nouveaux condensateurs soient visuellement identiques à ceux d'origine. Pour cela, il faut récupérer les tubes en verre des condensateurs, et insérer dedans un condensateur actuel de même valeur.

Pour sortir le condensateur du tube de verre, il faut le faire tremper dans de l'eau bouillante afin de ramollir le brou. Au bout d'une ou deux minutes, on peut décoller délicatement l'étiquette qui sera réutilisée plus tard. Ensuite, au bout de 15 à 30 minutes, on peut tenter de retirer le condensateur du tube de verre. Un premier essai en maintenant le tube de verre avec une pince fut peu concluant : le tube en verre s'est cassé. J'ai donc maintenu le tube de verre entre le pousse et l'index, en veillant à répartir le plus uniformément possible la pression sur les doigts pour éviter que le verre ne casse. Avec l'autre main, tirer sur l'extrémité du condensateur en s'aidant d'une pince. Avec cette technique je n'ai cassé aucun tube de verre. 

Une fois les tubes lavés et sèchés, il faut introduire à l'intérieur un condensateur de même valeur, en allongeant les pattes pour conserver la longueur d'origine. Auparavant, je peints les extrémités intérieures du tube en noir pour imiter le brou (peinture à maquette noir satiné).  

Une fois le condensateur en place, j'ai rebouché les extrémités du tube de verre avec un reste de cartouche de silicone. Après séchage, les extrémités sont elles aussi peintes en noir.

Pour boucher les extrémités, certains utilisent de la colle (pistolet à colle par exemple) ou du silicone noir pour aquarium, ce qui évite d'avoir à peindre les extrémités, mais on n'en n'a pas toujours sous la main !

Il ne reste plus qu'à recoller les étiquettes, ou à en fabriquer ce qui n'est pas très compliqué avec une imprimante.

Le condensateur variable à air avait quelque peu de mal à tourner. Je l'ai donc déposé et complètement nettoyé en le laissant tremper dans une solution d'acide chlorhydrique (70% eau - 30% acide chlorhydrique). Ensuite je l'ai bien néttoyé au pinceau, puis bien rincé à l'eau claire. Pour finir, remontage et lubrification de l'axe.

Reste le sélecteur de gamme. Comme il était grippé, je l'ai nettoyé et lubrifié, et j'ai vérifié à l'ohmmètre que les bobines n'étaient pas coupées.

Pour finir, un bon nettoyage du chassis métallique avec de l'eau japonaise pour les parties ternies ou rouillées.

Le boitier.

Après un démontage total de toutes les pièces, le nettoyage s'effectue classiquement : savon de marseille, éponge et brosse à dent pour les endroits difficiles d'accès. Après séchage, nettoyage à l'eau japonaise qui est très efficace sur le socle de l'antenne qui redevient comme neuf en quelques minutes.

 Les prises sont également démontées et nettoyées, ainsi que les fils torsadés qui retrouvent leur couleur d'origine.

 Les aiguilles du cadran et les inscriptions des gammes d'ondes sont repeintes à la peinture dorée.

Le cadre légèrement fendu est recollé à la cyanolite. 

Le remontage ne pose pas de problème particulier.

Lorsque j'ai acquis cette antenne, elle n'avait pas d'apatateur permettant son alimentation par le poste TSF. J'ai eu la chance de trouver un internaute sympa sur le forum doctsf qui a accepté de m'en vendre une qu'il avait en double et qui correspondait au type de lampe de mon Ducastel Aiglon (culot rimlock). Merci Gilles !

 A gauche, la douille voleuse avec le culot "Rimlock" . A droite la douille insérée sous l'EL41 de mon poste Ducastel Aiglon.

Les tests.

Alors, que valent ces antennes des années 50, sont-elles réellement efficaces ? C'est la grande question, et je suis vraiment curieux de voir si les promesses des publicités de l'époque (voir en haut de page) vont être tenues ou pas ! En effet, ce "sélecteur d'ondes unique au monde" était censé "éliminer les parasites, supprimer les sifflements, séparer les postes, rendre le son naturel et amplifier l'audition" ! Rien que ça ! 

Et bien nous allons vérifier tout ça, allons-y !

J'intercale donc la "douille voleuse" entre le châssis du Ducastel Aiglon et la lampe BF qui est une EL41. Ensuite, je branche ce cordon sur celui de l'antenne, puis les cordons "masse" et "antenne" de l'antenne sur les prises correspondantes du poste.

J'allume le poste.

Le réglage de l'antenne se fait en tournant les aiguilles qui agissent sur le condensateur variable, et en orientant les spires.

En grandes ondes, le résultat est étonnant ! Le son est plus fort, et je capte aisément RTL, qui est à peine audible sur mon Ducastel avec un fil de cuivre comme antenne. De même, j'arrive à capter - faiblement certes - la BBC. 

En petites ondes, c'est moins flagrant, car la réception était déjà bonne (notamment France Info qui émet puissament).

En ondes courtes, je découvre de nouvelles radios, comme Radio Chine Internationale qui diffuse des émissions en chinois et en français. 

Concernant les parasites, je ne note pas de différence, mais je n'en avais pas non plus sans l'antenne.

Mais une petite video valant mieux qu'un long discours, voici une démonstration sur les Grandes Ondes :

Adobe Flash Player non installé ou plus vieux que 9.0.115!

En conclusion, on peut affirmer que ces antennes fonctionnaient bien, et qu'elles apportaient une réelle amélioration de la qualité d'écoute des postes TSF, en évitant de complexes systèmes d'antennes extérieures.